NUMERO 7 – OCTOBRE 2016

Numero 7 - octobre2016

Le septième numéro de la Revue Française de Criminologie et de Droit Pénal est paru au mois d’octobre 2016. Il contient les contributions suivantes :

  • Le terrorisme contemporain – Aux origines historiques du phénomène : l’exemple de l’anarchisme, par Thomas Siret
  • L’illusion de la décriminalisation – L’Amérique n’a pas un problème de population carcérale – elle a un problème de criminalité, par Heather Mac Donald
  • Les « salles de shoot » pour toxicomanes – Faisant fi des exigences sanitaires, cette idéologie perverse brouille, à dessein, l’image et le statut des drogues illicites, par le Pr Jean Costentin
  • Ne légalisons pas les drogues, par Théodore Dalrymple
  • Un entretien avec Jean-Paul Bruneau à propos de l’association EDVO

Fidèle à sa vocation interdisciplinaire, la Revue Française de Criminologie et de Droit Pénal réunit une nouvelle fois pour son septième numéro des contributions variées émanant de théoriciens et de praticiens du droit pénal et de la criminologie mais aussi d’historiens ou de médecins.

Thomas Siret expose les racines intellectuelles du terrorisme anarchiste qui ensanglanta la France à la fin du 19ème siècle et qui réapparu durant les années 1970.

Les États-Unis connaissent actuellement une campagne médiatique de grande ampleur visant à délégitimer la répression de la criminalité. L’idée se répand, jusqu’au plus haut niveau de l’État, que le système pénal américain serait raciste, absurdement draconien, et qu’il détruirait la communauté noire. Heather MacDonald nous explique pourquoi aucune de ces idées ne résiste à une analyse sérieuse.

Alors que les premières « salles de shoot » viennent d’ouvrir dans la capitale, le professeur Jean Costentin nous explique pourquoi un tel dispositif est désastreux et nie tant la logique médicale que l’éthique ; Théodore Dalrymple examine les principaux arguments avancés en faveur de la légalisation des drogues et montre leur caractère non concluant ; enfin Jean-Paul Bruneau nous parle de l’association dont il est le président, EDVO, une structure unique en France qui depuis vingt-neuf ans est au service des personnes qui souffrent d’un problème d’addiction sévère et qui obtient des résultats remarquables.

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Sommaire

› ARTICLES

Le terrorisme contemporain – Aux origines historiques du phénomène: l’exemple de l’anarchie

Thomas Siret page 3

L’illusion de la décriminalisation – L’Amérique n’a pas un problème de population carcérale, elle a un problème de criminalité

Heather Mac Donald page 15

› DOSSIER : DROGUES

Les salles de shoot pour toxicomanes 

Pr Jean Costentin page 67

Ne légalisons pas les drogues

Théodore Dalrymple page 85

Entretien avec Jean-Paul Bruneau à propos de l’association EDVO 

Jean-Paul Bruno page 101

 

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Résumés

L’illusion de la décriminalisation

Résumé

Les Etats-Unis connaissent actuellement une campagne médiatique de grande ampleur visant à délégitimer la répression de la criminalité. L’idée se répand, jusqu’au plus haut niveau de l’Etat, que le système pénal américain serait raciste, absurdement draconien, et qu’il détruirait la communauté noire. Pourtant aucune de ces idées ne résiste à une analyse sérieuse. Les Etats-Unis n’ont pas un problème d’incarcération, ils ont un problème de criminalité et le noyau dur de cette criminalité provient des catégories inférieures de la population noire. C’est à cette réalité qu’il faudrait s’attaquer, et non au système pénal.

Mots clefs : Etats-Unis, Criminalité, Racisme, Incarcération de masse, Black Lives Matter

Abstract

The United States are in the midst of the biggest delegitimation of law enforcement in recent memory. The idea that the american criminal-justice system is racist, insanely draconian and that it destroys black communities is now broadcasted almost daily, including at the highest level of the state. Yet, none of these ideas does withsand a serious scrutiny. America does not have an incarceration problem ; it has a crime problem, and the core of the criminal population comes from the black underclass. It is this unpleasant reality that must be adressed, instead of demonizing the police and the criminal-justice system.

Keywords : United States, Criminality, Racism, Mass incarceration, Black Lives Matter

Ne légalisons pas les drogues

Résumé

Le désir qu’a l’être humain d’absorber des substances psychotropes est aussi vieux que la société elle-même, tout comme le sont les tentatives de réguler leur consommation. Si l’intoxication sous une forme ou sous une autre est inévitable, il en va de même pour les restrictions apportées à cette intoxication. Mais aucune société avant la nôtre n’a eu à faire face à une grande facilité d’accéder à toutes sortes de substances psychotropes, combinée avec une population jalouse de son droit à rechercher le plaisir comme elle l’entend. De ce fait l’idée de légaliser les drogues progresse lentement mais sûrement.

Les arguments en faveur de la légalisation de l’usage de toutes les drogues sont de deux ordres : philosophique et pragmatique. Ni l’un ni l’autre ne sont négligeables mais tous deux sont erronés et passent à côté de l’essentiel. Nous ne devrions pas légaliser les drogues qui restent aujourd’hui prohibées.

Mots clefs : Drogue, toxicomanes, légalisation, opiacés, liberté individuelle

Abstract

Man’s desire to take mind-altering substances is as old as society itself—as are attempts to regulate their consumption. If intoxication in one form or another is inevitable, then so is customary or legal restraint upon that intoxication. But no society until our own has had to contend with the ready availability of so many different mind-altering drugs, combined with a citizenry jealous of its right to pursue its own pleasures in its own way. And so, the idea of legalizing drugs gains ground slowly but surely.

The arguments in favor of legalizing the use of all narcotic and stimulant drugs are twofold: philosophical and pragmatic. Neither argument is negligible, but both are mistaken and both miss the point. We should not legalize drugs that are still prohibited today.

Aux origines du terrorisme anarchiste

Résumé

Le terrorisme anarchiste puise ses racines intellectuelles dans un terreau constitué de la philosophie des Lumières du XVIIIe siècle, des théories des révolutionnaires allemands et de la doctrine des nihilistes russes du milieu du XIXe siècle. En 1870, le nihiliste russe Michel Bakounine, le digne représentant de cette triple influence, conceptualisa l’action directe en l’associant à la terreur et en la mettant directement en application à Lyon. C’est alors que les anarchistes français, fortement inspirés par Bakounine, donnèrent naissance à la propagande par le fait en 1877. Si la définition de la propagande par le fait que donnait l’anarchiste Paul Brousse était assez large, puisqu’allant de l’insurrection armée à la manifestation violente, ce n’est qu’à partir des années 1890 qu’elle fut associée presque exclusivement aux attentats terroristes. En effet, la vague d’attentats que connut la France entre 1892 et 1894 obligea les autorités à se saisir de la question et à légiférer. Face à la répression, les anarchistes délaissèrent peu à peu la propagande par la bombe au profit d’un moyen qu’ils n’avaient jamais négligé, l’illégalisme.

Mots-clefs : Anarchisme, Terrorisme, Action directe, Propagande par le fait, Illégalisme, Nihilisme.

Abstract

The anarchist terrorism draws its intellectual roots from a breeding ground constituted by the philosophy of the Enlightenment of the XVIIIth century, theories of the German revolutionaries and of the doctrine of the Russian nihilists of the middle of the XIXth century. In 1870, the Russian nihilist Michel Bakounine, the worthy representative of this threefold influence, conceptualized the direct action by associating it with the terror and by applying it directly in Lyon. This is when the French anarchists, strongly inspired by Bakounine, gave birth to the propaganda of the deed in 1877. If the definition of propaganda of the deed that gave the anarchist Paul Brousse was rather wide, because that going of the armed uprising to the violent demonstration, it is only from 1890’s, that it was almost exclusively associated with terrorist attacks. Indeed, the wave of attacks which knew France between 1892 and 1894 obliged the authorities to seize the question and to legislate. In front of the repression, the anarchists abandoned little by little the propaganda by the bomb for the benefit of a way that they had never neglected, the illegalism.

Keywords : Anarchism, Terrorism, Direct action, Propaganda of the deed, Illegalism, Nihilism.

Les salles de shoot

Résumé

Les « salles de shoots », sont des locaux où les toxicomanes, sous supervision médicale, pourront s’injecter les drogues qu’ils y apporteront. Elles sont désormais autorisées en France, « à titre expérimental ». Les différents arguments avancés pour justifier leur instauration sont ici réfutés, tandis que l’on considère les raisons nombreuses invalidant cette disposition d’inspiration idéologique. Avec d’autres nous leur reprochons : de banaliser les drogues, d’envoyer de mauvais signaux à notre pays exceptionnellement contaminé par les addictions; d’ancrer les toxicomanes dans leurs addictions ; d’être d’un coût prohibitif ; de rompre avec la logique et la déontologie médicale ; de faire des médecins les complices de l’injection de produits inconnus, ni stériles, ni apyrogènes, à des doses inconnues; d’affranchir ces médecins de la responsabilité des troubles pouvant émaner de ces injections ; de préparer inéluctablement une modification de la loi réprimant le commerce et l’usage des drogues, préalable à leur légalisation. Cette disposition consacre la faillite des efforts énormes qu’avait consentis notre pays pour échapper à cette extrémité. Associée à divers autres errements elle révèle que l’addictologie en France a été investie par une idéologie suicidaire au plan social et sociétal, qui nie tant la logique médicale que l’éthique.

Mots clé :

Salles d’injections de drogues médicalement supervisées ; toxicomanies ; injection de drogues, éthique médicale.

Abstract:

In France, a new law authorizes government-sanctioned sites on an experimental basis where intravenous drug users can shoot up under medical supervision (the so-called « shooting galleries » or « salles de shoot » in French). We refute the various arguments put forward to justify their establishment by presenting our own arguments against this law which is based on an ideological substratum. Together with other colleagues we disapprove of this law as it contributes to the normalization of addictive drugs ; as it sends the wrong signals to our nation which is heavily contaminated by addictive drugs ; as it keeps addicts in their drug dependency ; as it generates heavy expenditures ;as it breaks with the medical logic and the code of ethics ; as it makes doctors accessory to intravenous injections of unknown drugs, in unknown dosages, neither sterile nor  apyrogenic ; as it releases doctors from their responsibilities for troubles which might result from these injections ; as it paves the way to the suppression of the law prohibiting the trade as well as the consumption of addictive drugs. These « shooting galleries » or « salles de shoots » testify of the failure of the ruinous efforts exerted to avoid this last extremity. Combined with other erring ways, it appears that, in France, addictology has been monopolized by an ideology which ignores both the medical logic and ethic and is highly deleterious from both social and societal points of view.

Key words: Rooms dedicated to injections of drugs under medical supervision; addictions; medical ethic; shooting galleries; drug consumption rooms; supervised injection site

 


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